Chères consœurs, chers confrères, médecins généralistes traitants et médecins coordonnateurs
Nous vivons tous une période difficile avec cette épidémie de coronavirus mais nous possédons encore cette plasticité neuronale qui nous permet une adaptation, une réactivité à cette agression.
Nos anciens, tant à domicile qu’en EHPAD, n’ont plu tout à fait cette capacité d’adaptation, se laissent gagner par une morosité, voir une tristesse. Ils ont besoin de nous.
Nous sommes donc appelés sur le terrain à nous entendre tant médecins traitants que médecins coordonnateurs et ceci pour le bienêtre de nos aînés, à ne pas déshabiter ces lieux de vie que sont les EHPAD, plus souvent hébergement obligé que choisi. Profitons de cet épisode pour nous parler, nous rencontrer (pas physiquement bien sûr) afin d’apporter la bonne réponse au bon moment.
Nous subissons actuellement des injonctions paradoxales, venant de nos plus hautes autorités, nous imposant de nous occuper de nos anciens mais surtout de ne pas aller les voir tant à domicile qu’en EHPAD. Nous sommes les seuls à pouvoir répondre, en notre âme et conscience, à cette demande d’accompagnement : « j’y vais ou j’y vais pas. »
Nos ainés font partie de cette génération qui fait une confiance quasi aveugle à la parole du médecin. Ils ont des questions, des angoisses, concourant à un éventuel syndrome de glissement ; nous avons des réponses humaines, humbles et honnêtes (les 3 H qui me guident tous les jours) à leur apporter.
Pendant l’épidémie, la maladie ne fait pas de pause et les pathologies tant aigues que chroniques continuent leur vie propre. Ne rajoutons pas des sur risques en ne nous occupant pas de ce qui était notre quotidien avant cette épidémie. Alors innovons, inventons de nouvelles façons de prise en charge afin de garder le lien avec nos ainés : téléconsultation… les besoins sont toujours là, sachons déroger à la sacro-sainte règle de la non-visite si nous l’estimons nécessaire.
Au moment où nos anciens, confinés, souffrent en plus d’isolement, au moment où certains professionnels de santé se retirent du soin, ne veulent plus se rendre en EHPAD par peur de la contagion, peur que nous comprenons, alors restons humains, professionnels et, en notre âme et conscience, faisons les bons choix. Ce choix peut être celui de notre présence médicale, chaleureuse auprès de nos ainés. Nous connaissons les mesures barrières donc n’abandonnons pas nos anciens tant à domicile qu’en EHPAD.
Ne rajoutons pas de la tristesse, de la dépression au confinement.
Mon discours dénote peut être des discours habituels en ces temps d’épidémie mais je suis médecin de l’homme avant d’être petit soldat sans armes.
Philippe Marissal, médecin généraliste, médecin coordonnateur, trésorier du SNGIE, président de la FSP.